Comment j’ai réalisé le clip Terre brulée de Eric John kaiser
- 20 décembre 2016
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Voici un premier article pour inaugurer la nouvelle rubrique « blog » de mon site. L’idée est d’expliquer un peu ma façon de travailler !
Il y a quelques semaines, je suis contacté par un certain Eric John kaiser, un français qui vit aux US depuis 2006. Il est indé, il vit de sa musique. Il vit de ses concerts et pas de la vente de disque… Comme c’est le cas pour mon ami Forest Pooky. C’est donc un chanteur qui est constamment sur la route pour subvenir à ses besoins.
vidéo de présentation de Eric disponible sur son site
www.ericjohnkaiser.com
Je me fais une joie à l’idée de travailler avec une nouvelle tête et en plus, c’est le premier artiste avec qui je vais travailler qui bosse et vit aux US. De nouvelles perspectives de vues pour le clip et qui sait ? De futures collaborations ?
Comment travailler avec un artiste à distance ? Pas de budget pour me faire venir à Portland et tourner le clip là-bas, dommage. On va donc se servir des outils 2.0 pour communiquer : facebook Messenger pour le téléphone, Pinterest pour la moodboard et les mails pour le reste !
La chanson s’appelle Terre brulée. La petite histoire de la chanson : Eric était en Gaspésie (Quebec) et un soir, il observe une fille qui visiblement se faisait chier dans sa chambre d’hôtel. Pour tuer le temps elle surfait sur son téléphone, sur Tinder à matter les mecs du coin.
– Voilà de quoi ça parle ! À toi de voir si tu peux faire un clip là dessus.
– Ok !
On va donc faire un clip « fiction » tourné en France, une fille sera le personnage principal. Eric me dit qu’il a la possibilité d’être filmé et de m’envoyer les rushs ensuite. L’idée fait son chemin : Elle peut surfer sur son téléphone et regarder une vidéo d’Eric qui chante pour faire le lien. J’avoue que je suis assez pointilleux sur les cadres et le mélange de mes plans avec ceux de quelqu’un d’autre ne m’enchante guère. En plus Eric n’a pas spécialement le désir d’être forcement à l’image. Ça peut vous surprendre, mais la raison principal d’un clip est d’être un outil de promotion pour servir un album, une tournée. C’est donc un argument que d’apparaitre à l’image pour que le public puisse l’identifier. On restera donc sur un clip fiction, sans les traditionnels plans du chanteur avec sa guitare. Le challenge est de garder l’attention du spectateur. j’espère que j’y arriverais !
Sur les 47 clips que j’ai réalisé, 2 sont tournés où les groupes ne font pas de playback (Bubblies & Guerilla Poubelle), mais restent comédiens dans le clip. Terre brulée sera donc mon premier tournage sans la présence de l’artiste avec moi et donc mon premier clip sans que le chanteur soit comédien. Une première !
Il me faut donc une actrice qui puisse porter à elle seule tout le clip sur ses épaules. Les délais avancent, je n’ai ni de comédienne et ni de scénario. Dans ces cas là je préfère écrire en fonction de la comédienne et être à l’écoute de ce quelle peut apporter au personnage. Je cast par mail plusieurs personnes, mais mon choix se portera sur Aurélie Cheneau. On a jamais travaillé ensemble, on s’est déjà croisé, deux trois fois sur les concerts. Aurélie est chanteuse dans le groupe l’Opium du peuple, mais également styliste ,couturière et artiste performeuse. Elle accepte le projet sans hésiter ! Parfait, je peux commencer à écrire !
Pour faire partager ce que j’ai en tête, comment je visualise le style du clip, le look du personnage à Eric & Aurélie je travaille avec Pinterest. C’est une habitude fort productive qu’on utilise depuis des années chez Citron Bien. On crée une « moonboard » avec des références de photos, courts-métrages qui se rapprochent de l’esprit visuel que je recherche.
Ici je m’oriente vers des courts-métrages de mode, des photos sensuelles (car le clip doit l’être aussi) où des filles glandouillent à la fenêtre, sur leur lit et font mumuse avec la poussière.
Comme on ne peut pas tourner en Gaspésie, on va essayer d’éviter de tourner dehors où on apercevrait un bureau de poste, un sens interdit ou champs de lavande Drômois. On va non plus faire croire que ça se passe au Quebec, mais on va privilégier de tourner en intérieur et de raconter la journée d’une fille qui vit avec son temps et qui intègre parfaitement les « relations 2.0 » type Tinder.
Le style visuel du clip doit être le plus simple : caméra au poing, lumière naturelle plus possible. On a beaucoup de plans à tourner et je dois pas perdre de temps avec une installation lumière fastidieuse. Pour ce clip je tourne seul sans assistants avec un Sony FS700, un objectif 50mm et un grand angle 16/35 lumineux. C’est tout ! J’ai également une lumière (mandarine) pour éclairer le plafond (ça permet de ré-hausser la lumière de la pièce) et deux « lumières du jour » pour la scène dans la chambre.
On tourne le clip principalement au gîte Charousse à Gigors dans la Drôme ! Le cadre magnifique pour les séquences d’intérieur, on a de la chance, ce décors est une vrai plus-value pour le clip ! Les plans d’extérieurs sont tournés chez des amis.
Le clip est tourné sur une « grosse » journée (plans de jours et plans de nuits) et quelques plans le lendemain matin pour la lumière de 9h.
Le montage est tout aussi rapide ! Une journée pour le premier montage, plus quelques heures suplémentaires pour les fignolages de rythme.
Je suis aidé en renfort par Thibault Pétrissans pour le compositing (c’est à dire les effets de texte ou profils de mecs quand elle surfe et reçoit une notification sur son téléphone) … Merci à lui ! Visitez son site : http://www.thibault-petrissans.com
Voilà, le clip est terminé. Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout ! Vous pouvez le partager pour la lecture !
On est très content du résulta Eric & moi !
Voir le clip